Le jeu de carte fut à l’origine inventé en Chine, à une époque indéterminée. Les Chinois utilisaient du papier-monnaie vers le Xe siècle, qui a pu inspirer les jeux de cartes.
Quelques siècles plus tard, on trouve l'existence de deux types de cartes chinoises :
La Chine faisait commerce avec les pays d'Orient comme la Perse et l'Égypte, ce qui aurait favorisé la circulation de ces cartes.
Les Mamelouks, peuple régnant en Égypte, en Arabie et en Syrie entre les XIIIe et XVIe siècles ont créé un magnifique jeu enluminé (un exemplaire est conservé dans un musée d'Istanbul). Les Mamelouks avaient installé vers 1350 des relations commerciales avec l'Occident, notamment avec Venise, ce qui expliquerait l'arrivée de cet ancêtre du Tarot en Europe méridionale.
Les cartes à jouer descendent du jeu des échecs, qui lui-même provient d'un jeu de guerre et de stratégie indien appelé Chaturanga. Ce jeu inventé au Vème siècle se joue à quatre, chaque joueur incarnant un corps de combat.
Par la suite, les jeux de cartes chinois sont utilisés en complément du chaturunga pour créer un nouveau jeu "ganjifa". Enfin, au VIIIème siècle, les Hindous jouent au "dashavatara ganjifa", un jeu de cartes constitué de suites d’emblèmes, chacune constituée de 12 cartes : un Radja (roi), un Naïb (vizir), et 10 cartes numérales.
Le jeu hindou inspirera aussi le jeu de cartes des Maures. La ressemblance avec les arcanes mineurs du Tarot actuel est frappante.
Au Moyen-âge on joue souvent au jeu des quatre rois. Il s'agit du descendant direct du chaturanga. C'est un jeu de stratégie qui se joue sur table, et dont va descendre directement le jeu d'échecs des chevaliers, que nous connaissons encore aujourd'hui.
On peut imaginer que par simplicité, et par économie, on ait pu à l'époque vouloir transposer les pièces de ce jeu sur des cartes à jouer, tout comme le chaturanga a donné le ganifa. On peut d'ailleurs remarquer les points communs entre le tarot et les échecs (le fou, la reine, le roi, la tour, le cavalier…).
Les cartes auraient été inventées en Allemagne, car en réalité en 1370, quand on découvre la première mention aux cartes dans un document historique fiable, elles sont déjà répandues dans toute l'Europe.
Le plus ancien jeu de cartes conservé à ce jour est celui de Stuttgart (~1440~). Le jeu a donc très bien pu descendre du Nord de l'Europe vers le Sud et non pas l'inverse.
Les tarots auraient été rapportés en Europe par les Bohémiens venus d'Égypte. Ce peuple nomade serait le gardien des secrets du Tarot.
Le Tarot serait un livre occulte écrit par l'ancienne civilisation égyptienne, et les Bohémiens sont le peuple en charge de transmettre son enseignement. Cette théorie a notamment été avancée par Court de Gébelin.
Les commerçants de la route de la soie et les émigrants ont sans doute permis le voyage de ces jeux vers l’Occident. Plus tard, ces jeux de cartes remontèrent le bassin méditerranéen et auraient inspiré nos cartes d’aujourd’hui. Les cartes classiques apparaissent en 1360 en Europe. Le Tarot en serait une version "luxueuse", qui fait son apparition à la cour de Milan, probablement entre 1440 et 1450.
L’apparition des "trionfi" est une allusion possible au recueil poétique de Pétrarque, les 22 arcanes majeurs représentant le contexte culturel de l’époque. Ainsi on retrouve :
Le Tarot n’était encore qu’un jeu de cartes parmi d’autres, qui pouvait être utilisé à des fins ludiques ou didactiques. C’est au XVIIIème siècle que le Tarot prend une dimension ésotérique et divinatoire, notamment en France après la publication du volume 8 du Monde Primitif d’Antoine Court de Gébelin, dans lequel l’auteur s’est appliqué à commenter chacun des 22 arcanes du Tarot aujourd’hui dit "de Marseille". Après lui, d’autres auteurs comme Etteilla, Eliphas Lévi, Papus, firent leur apparitions et donnèrent leur propre interprétation du Tarot. Certains redessinèrent même leur propre jeu.
À cette même époque, le Tarot continue de se jouer, surtout en France, qui reste aujourd’hui le pays où l’on y joue le plus. Mais le jeu voyage et atteint progressivement l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne. Des versions plus proches des cultures locales sont alors créées, avec par exemple le choix des enseignes françaises (pique, coeur, carreau, trèfle) au lieu des italiennes, ou encore des atouts totalement profanes (animaux, scènes de chasse, paysages exotiques, costumes folkloriques, images de la vie politique ou militaire, vues de grandes villes, scènes de genre, etc.).
Aujourd’hui, le Tarot de Marseille et sa pratique divinatoire sont largement connus et ont inspiré de nombreux nouveaux Tarots.