XIII L'Arcane Sans Nom alchimique

Lecture alchimique de l'Arcane Sans Nom



L'Arcane sans nom, représentée par la treizième carte du tarot, se dresse comme une énigme dans le parcours des arcanes majeurs. Son absence de nom ne doit pas tromper, car elle dévoile une richesse symbolique profonde, ancrée dans les principes alchimiques qui sous-tendent le grand oeuvre mystique. L'étape alchimique de la floraison, symbolisant l'union sacrée et l'harmonie des opposés, peut être associée à la carte de la Mort (ou de l'Arcane sans Nom le cas échéant) dans le Tarot. Bien que le nom puisse sembler sinistre, cette carte n'annonce pas nécessairement une fin physique, mais plutôt une transformation profonde. 

 "La fleur des sages" Manuscrit alchimique de 1550 - Bibliothèque universitaire de Bâle
"La fleur des sages" Manuscrit alchimique de 1550 - Bibliothèque universitaire de Bâle

Au coeur de cette carte se déploie le mystère de la mort, mais non pas comme une fin abrupte, plutôt comme une métamorphose essentielle. Le noir omniprésent évoque l'Oeuvre au Noir, une phase initiale de dissolution et de putréfaction de la matière. C'est le sol fertile où s'ensemencent les germes de la transformation. L'Arcane sans nom incarne ainsi le passage nécessaire par les ténèbres pour atteindre la lumière. La carte de la Mort du Tarot représente le changement, la transition, et souvent la renaissance. Dans le contexte alchimique, cette carte pourrait symboliser le moment où les éléments opposés, représentés par le roi et la reine alchimiques, fusionnent pour donner naissance à quelque chose de nouveau

 


Johann Daniel Mylius - "Philosophia reformata" - 1622 - "Le cercueil de cristal"
Johann Daniel Mylius - "Philosophia reformata" - 1622 - "Le cercueil de cristal"

La Mort dans le Tarot est souvent liée à l'idée d'une mort symbolique, une dissolution nécessaire pour permettre une renaissance et une régénération. C'est en ce sens que la floraison alchimique, en tant qu'étape d'union sacrée, trouve des parallèles avec la carte de la Mort. La figure squelettique, habitée par une structure osseuse étrangement artistique, transcende la simple représentation de la mortalité. Elle suggère la mort mystique, un processus où l'âme se libère des entraves matérielles pour accéder à une réalité supérieure. La colonne vertébrale, évoquant des feuilles de lauriers, symbolise la victoire spirituelle au-delà de la mort physique.     

 

L'image traditionnelle de la Mort dans le Tarot montre souvent une figure squelettique tenant une faux. Cette faux peut être interprétée comme un instrument de coupe, symbolisant la séparation des anciennes formes pour permettre l'émergence de nouvelles. Cette idée de coupe et de séparation est également présente dans les processus alchimiques, notamment lors de la distillation et de la séparation des éléments. Les pièces détachées, représentant le morcellement, soulignent le principe alchimique selon lequel il faut désunir pour mieux réunir. La mort apparente donne naissance à une floraison intérieure, illustrant l'Oeuvre au Blanc qui suit inévitablement l'Oeuvre au Noir.

 

Philosophia Reformata Emblème 9 - Putréfaction
Philosophia Reformata Emblème 9 - Putréfaction

En somme, l'Arcane sans nom du tarot nous enseigne la nécessité de mourir symboliquement pour renaître à une existence plus élevée. Elle incarne la quintessence du processus alchimique, invitant l'individu à transcender les limites de sa nature initiale pour s'élever vers des sphères plus spirituelles. La mort devient ainsi une passerelle, une transformation sacrée dans le grand théâtre de l'alchimie mystique.


Ainsi, la carte de la Mort du Tarot, bien qu'associée à des notions de fin, évoque également le potentiel de transformation profonde et de régénération, en harmonie avec le thème de la floraison alchimique. C'est un rappel que la mort d'une phase ou d'un état peut ouvrir la voie à une nouvelle vie et à une nouvelle réalité.


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